Le très prestigieux Trinity College (de son vrai nom University of Dublin), berceau de Jonathan Swift, d’Oscar Wilde et de Samuel Beckett vient d’annoncer une décision importante : l’étudiant(e) de première année ou de deuxième année ne pourra plus se vanter du titre Junior Freshman ou Senior Freshman. Désormais il/elle portera le titre « Junior Fresh » ou « Senior Fresh ». La décision de supprimer la syllabe « man » vient du désir d’être plus inclusif. Selon Chris Morash, vice-Provost de Trinity College, c’est une réforme à la fois « petite mais importante » qui vise à rassurer tous les étudiants qu’ils sont tous « inclus », quelle que soit leur identité sexuelle.
Cette décision n’a pas fait l’unanimité des lecteurs du quotidien « The Irish Times ». Certains lecteurs se sont mis tout de suite à rédiger des lettres pour se moquer d’une tendance qu’ils jugent trop « politiquement correcte ». Un lecteur s’inquiète pour le comté de Fermanagh, dans le nord du pays – si on supprime la syllabe man partout, est-ce qu’il faudra maintenant l’appeler Feragh ? Un autre lecteur se demande si l’instrument musical « mandolin » sera rebaptisé « dolin ». Cela me rappelle l’histoire (sans doute inventée) de la proposition du conseil administratif de la ville de Chicago de transformer les « manhole covers – plaques d’égoût » en « personhole covers ».
En France aussi, depuis quelques années, l’inclusivité linguistique fait polémique. On reproche souvent à la langue française un certain sexisme grammatical : les jeunes élèves anglophones de douze ans sont souvent surpris d’apprendre qu’en français le masculin l’emporte toujours sur le féminin. Imaginons, par exemple, une classe de vingt-quatre filles et un seul garçon. « Ils sont sympa, ces élèves ! », se dit le professeur. Ou la professeure ? Enfin, bref. Et parmi les chères têtes blondes qui ânonnent comme une ronde en apprenant leurs verbes : « je , tu , il, elle, nous… » il y a toujours une qui demande au prof/ à la prof : « Pourquoi on met toujours il avant elle ? » .
C’est pour lutter contre ces pratiques linguistiques que le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes a publié un « Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe ». Selon le HCE, pour éviter le sexisme linguistique il faut faire trois choses :
- féminiser les professions – professeure, auteure, pompière etc.
- inclure les deux genres en parlant d’un groupe – Bonjour à toutes et à tous ! Les candidats et les candidates…
- utiliser des termes neutres autant que possible – au lieu de dire « les droits de l’homme » il faudrait dire « les droits humains ».
La maison d’édition Hatier a trouvé une autre solution dans son premier manuel scolaire en écriture inclusive publié en mars. Cela consiste à insérer la terminaison du féminin entre des points: Grâce aux agriculteur.rice.s, aux artisan.e.s et aux commerçant.e.s, la Gaule était un pays riche. L’avis de la plupart des médias ? Pas très pratique, pas très joli et, surtout, pas très lisible. L’Académie française, dont la fonction est de protéger la langue française, l’a critiquée aussi. Elle a lancé un cri d’alarme : devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures.
La réaction d’un ancien ministre de l’Éducation, Luc Ferry, sur Twitter : « On aimerait savoir qui est le crétin ou la crétine qui a inventé une écriture inclusive imprononçable et en rupture avec toute la littérature. »
À vous maintenant…
Voici un extrait d’une émission de RTL où Margaux Collet parle de l’écriture inclusive:
- What does she say academicians and linguists have done in the past?
- What linguistic rule dates only from the seventeenth century?
- What does she say about trades and professions during the Middle Ages?
- What is the effect on women of constantly using masculine forms in writing and in speech?
- How are women depicted in school books today?